Archives de la semaine
Jeudi 21 septembre
SAINT MATTHIEU - COULEUR LITURGIQUE: ROUGE
Lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens 4,1-7.11-13.
Frères, moi qui suis en prison à cause du Seigneur, je vous exhorte à vous conduire d’une manière digne de votre vocation :
ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ;
ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix.
Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance, de même il y a un seul Corps et un seul Esprit.
Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême,
un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous, et en tous.
À chacun d’entre nous, la grâce a été donnée selon la mesure du don fait par le Christ.
Et les ‘dons qu’il a faits’, ce sont les Apôtres, et aussi les prophètes, les évangélisateurs, les pasteurs et ceux qui enseignent.
De cette manière, les fidèles sont organisés pour que les tâches du ministère soient accomplies et que se construise le corps du Christ,
jusqu’à ce que nous parvenions tous ensemble à l’unité dans la foi et la pleine connaissance du Fils de Dieu, à l’état de l’Homme parfait, à la stature du Christ dans sa plénitude.
Psaume 19(18),2-3.4-5ab.
Les cieux proclament la gloire de Dieu,
le firmament raconte l'ouvrage de ses mains.
Le jour au jour en livre le récit
et la nuit à la nuit en donne connaissance.
Pas de paroles dans ce récit,
pas de voix qui s'entende;
mais sur toute la terre en paraît le message
et la nouvelle, aux limites du monde.
Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 9,9-13.
En ce temps-là, Jésus sortit de Capharnaüm et vit, en passant, un homme, du nom de Matthieu, assis à son bureau de publicain (collecteur d'impôts). Il lui dit : « Suis-moi. » L'homme se leva et le suivit.
Comme Jésus était à table à la maison, voici que beaucoup de publicains (c’est-à-dire des collecteurs d’impôts) et beaucoup de pécheurs vinrent prendre place avec lui et ses disciples.
Voyant cela, les pharisiens disaient à ses disciples : « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ? »
Jésus, qui avait entendu, déclara : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades.
Allez apprendre ce que signifie : ‘Je veux la miséricorde, non le sacrifice’. En effet, je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Commentaire du jour:
Saint Jean Cassien (v. 360-435)
fondateur de monastère à Marseille
De la chasteté, chap. XII-XIII ; SC 54 (Conférences VIII-XVII ; trad. E. Pichery, éd. du Cerf, 1958 ; p. 140-143)
Quel prodige, que des publicains deviennent apôtres !
Grandes en vérité, et merveilleuses, et inconnues profondément aux hommes, si ce n’est à ceux qui en ont fait l’expérience, sont les largesses que Dieu, en sa libéralité ineffable, accorde à ses fidèles, même durant qu’ils demeurent en ce vase de corruption. (…) Qui ne s’étonnerait devant les œuvres de Dieu et ne s’écrirait du fond de son cœur : « J’ai connu que le Seigneur est grand » (Ps 134,5 Vg), lorsqu’il se voit lui-même, ou quelque autre, passé de l’extrême cupidité à la libéralité, de la prodigalité à une vie d’abstinence, de la superbe à l’humilité (…) ? Ce sont là en vérité les divines merveilles que l’âme du prophète et celles qui lui ressemblent, découvrent avec étonnement dans une contemplation pleine de miracles.
Car quel plus grand prodige, que de voir en un bref moment les publicains cupides devenir apôtres, les persécuteurs farouches se changer en prédicateurs de l’Évangile prêts à tout subir, et propager au prix de leur sang la foi qu’ils poursuivaient ? Tels sont les divins ouvrages que le Fils atteste qu’il accomplit chaque jour, en union avec son Père : « Mon Père agit jusqu’aujourd’hui, et moi aussi j’agis. » (Jn 5,17) Telles sont les œuvres de Dieu que le bienheureux David chante en Esprit : « Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, qui seul fait des prodiges ! » (Ps 71,18 Vg) C’est d’elles que parle le prophète Amos : « Il a fait toutes choses, et il les change ; il change en matin l’ombre de la mort. » (Am 5,8 LXX) « Ce sont là, en effet, les changements de la droite du Très-Haut. » (Ps 76,11 Vg) C’est au sujet de cet ouvrage de salut que le prophète adresse au Seigneur cette prière : « Affermissez, ô Dieu, ce que vous avez fait en nous ! » (Ps 67,29 Vg) (…)
Oui, c’est bien là le grand miracle de Dieu, qu’un homme de chair ait rejeté tout penchant charnel, que, parmi tant de circonstances diverses, tant d’assauts qui lui sont livrés, il garde son âme dans la même disposition, et demeure immobile au milieu du flux incessant des évènements.
Mercredi 20 septembre
24E SEMAINE DU TEMPS ORDINAIRE - COULEUR LITURGIQUE: ROUGE
Première lettre de saint Paul Apôtre à Timothée 3,14-16.
Bien-aimé, je t’écris avec l’espoir d’aller te voir bientôt.
Mais au cas où je tarderais, je veux que tu saches comment il faut se comporter dans la maison de Dieu, c’est-à-dire la communauté, l’Église du Dieu vivant, elle qui est le pilier et le soutien de la vérité.
Assurément, il est grand, le mystère de notre religion : c’est le Christ, manifesté dans la chair, justifié dans l’Esprit, apparu aux anges, proclamé dans les nations, cru dans le monde, enlevé dans la gloire !
Psaume 111(110),1-2.3-4.5-6.
De tout cœur je rendrai grâce au Seigneur
dans l'assemblée, parmi les justes.
Grandes sont les œuvres du Seigneur ;
tous ceux qui les aiment s'en instruisent.
Noblesse et beauté dans ses actions :
à jamais se maintiendra sa justice.
De ses merveilles il a laissé un mémorial ;
le Seigneur est tendresse et pitié.
Il a donné des vivres à ses fidèles,
gardant toujours mémoire de son alliance.
Il a montré sa force à son peuple,
lui donnant le domaine des nations.
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 7,31-35.
En ce temps-là, Jésus disait à la foule : « À qui donc vais-je comparer les gens de cette génération ? À qui ressemblent-ils ?
Ils ressemblent à des gamins assis sur la place, qui s’interpellent en disant : “Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé. Nous avons chanté des lamentations, et vous n’avez pas pleuré.”
Jean le Baptiste est venu, en effet ; il ne mange pas de pain, il ne boit pas de vin, et vous dites : “C’est un possédé !”
Le Fils de l’homme est venu ; il mange et il boit, et vous dites : “Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs.”
Mais, par tous ses enfants, la sagesse de Dieu a été reconnue juste. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Commentaire du jour:
Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)
pape et docteur de l'Église
Livre XIII, SC 212 (Morales sur Job, trad. A. Bocognano, éd. du Cerf, 1974 ; p. 303-305)
Apprenez à devenir fous pour être sages devant Dieu
« Et que je ne trouve pas un seul sage parmi vous. » (Jb 17,10 Vg) Pourquoi, en effet appeler à la sagesse et souhaiter cependant de ne pas trouver sages [les amis de Job], sinon parce que ne peuvent venir à la véritable sagesse des hommes abusés par la suffisance de leur fausse sagesse ? C’est d’eux qu’il est écrit : « Malheur à vous qui êtes sages à vos yeux et devant vous-mêmes prudents ! » (Is 5,21) Et c’est à eux qu’il est dit encore : « Ne vous complaisez pas dans votre propre sagesse. » (cf. Rm 12,16 ; Pr 3,7)
De là vient encore que, si le grand prédicateur [ Paul ] rencontrait des sages selon la chair, il leur demandait d’acquérir la vraie sagesse en commençant par devenir fous : « Si l’un d’entre vous, leur dit-il, se croit un sage au jugement de ce monde, qu’il se fasse fou pour être sage » (1 Co 3,18) et la Vérité dit elle-même : « Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, toi qui as caché ces choses aux sages et aux prudents et qui les as révélées aux tout-petits. » (Mt 11,25)
Ainsi, comme ceux qui sont sages devant eux-mêmes ne peuvent parvenir à la véritable sagesse, le bienheureux Job, qui désire la conversion de ceux qui l’écoutent, est en droit de souhaiter de ne pas trouver parmi eux un seul sage, c’est-à-dire : apprenez à devenir fous devant vous-mêmes pour pouvoir être véritablement sages devant Dieu.
Mardi 19 Septembre
24E SEMAINE DU TEMPS ORDINAIRE - COULEUR LITURGIQUE: VERT
Première lettre de saint Paul Apôtre à Timothée 3,1-13.
Voici une parole digne de foi : si quelqu’un aspire à la responsabilité d’une communauté, c’est une belle tâche qu’il désire.
Le responsable doit être irréprochable, époux d’une seule femme, un homme sobre, raisonnable, équilibré, accueillant, capable d’enseigner,
ni buveur ni brutal mais bienveillant, ni querelleur ni cupide.
Il faut qu’il dirige bien les gens de sa propre maison, qu’il obtienne de ses enfants l’obéissance et se fasse respecter.
Car si quelqu’un ne sait pas diriger sa propre maison, comment pourrait-il prendre en charge une Église de Dieu ?
Il ne doit pas être un nouveau converti ; sinon, aveuglé par l’orgueil, il pourrait tomber sous la même condamnation que le diable.
Il faut aussi que les gens du dehors portent sur lui un bon témoignage, pour qu’il échappe au mépris des hommes et au piège du diable.
Les diacres, eux aussi, doivent être dignes de respect, n’avoir qu’une parole, ne pas s’adonner à la boisson, refuser les profits malhonnêtes,
garder le mystère de la foi dans une conscience pure.
On les mettra d’abord à l’épreuve ; ensuite, s’il n’y a rien à leur reprocher, ils serviront comme diacres.
Les femmes, elles aussi, doivent être dignes de respect, ne pas être médisantes, mais sobres et fidèles en tout.
Que le diacre soit l’époux d’une seule femme, qu’il mène bien ses enfants et sa propre famille.
Les diacres qui remplissent bien leur ministère obtiennent ainsi une position estimable et beaucoup d’assurance grâce à leur foi au Christ Jésus.
Psaume 101(100),1-2ab.2cd-3ab.5.6.
Je chanterai justice et bonté :
à toi mes hymnes, Seigneur !
J'irai par le chemin le plus parfait ;
quand viendras-tu jusqu'à moi ?
Je marcherai d'un cœur parfait
avec ceux de ma maison ;
je n'aurai pas même un regard
pour les pratiques démoniaques.
Qui dénigre en secret son prochain,
je le réduirai au silence ;
le regard hautain, le cœur ambitieux,
je ne peux les tolérer.
Mes yeux distinguent les hommes sûrs du pays :
ils siégeront à mes côtés ;
qui se conduira parfaitement
celui-là me servira.
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 7,11-17.
En ce temps-là, Jésus se rendit dans une ville appelée Naïm. Ses disciples faisaient route avec lui, ainsi qu’une grande foule.
Il arriva près de la porte de la ville au moment où l’on emportait un mort pour l’enterrer ; c’était un fils unique, et sa mère était veuve. Une foule importante de la ville accompagnait cette femme.
Voyant celle-ci, le Seigneur fut saisi de compassion pour elle et lui dit : « Ne pleure pas. »
Il s’approcha et toucha le cercueil ; les porteurs s’arrêtèrent, et Jésus dit : « Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi. »
Alors le mort se redressa et se mit à parler. Et Jésus le rendit à sa mère.
La crainte s’empara de tous, et ils rendaient gloire à Dieu en disant : « Un grand prophète s’est levé parmi nous, et Dieu a visité son peuple. »
Et cette parole sur Jésus se répandit dans la Judée entière et dans toute la région.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Commentaire du jour:
Saint Augustin (354-430)
évêque d'Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l'Église
Sermon 98 (in 2000 ans d'homélies, année C; trad. L. Brésard; Éd. Soceval 2000; p. 172 rev.)
« Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi »
Nous trouvons dans l'Évangile trois morts ressuscités visiblement par le Seigneur, mais des milliers invisiblement… La fille du chef de la synagogue (Mc 5,22s), le fils de la veuve de Naïm et Lazare (Jn 11)…sont le symbole des trois sortes de pécheurs que le Christ ressuscite aujourd'hui encore. La jeune fille était encore dans la maison de son père…; le fils de la veuve de Naïm n'était plus dans la maison de sa mère, mais pas encore dans le tombeau…; Lazare était enseveli…
Il y a donc des gens dont le péché reste dans le cœur, mais qui ne l'ont pas commis en acte… Ils ont consenti au péché, le mort est à l'intérieur de l'âme, il n'est pas encore transporté au-dehors. Or, il arrive souvent…que des hommes fassent cette expérience en eux-mêmes : après avoir entendu la parole de Dieu, le Seigneur semble leur dire : « Lève-toi. » Ils condamnent le consentement qu'ils ont donné au mal, et ils reprennent souffle pour vivre dans le salut et la justice… D'autres, après le consentement, vont jusqu'à l'acte ; ils transportent le mort qui était caché dans le secret de leur demeure et l'exposent devant tous. Faut-il désespérer d'eux ? Le Sauveur n'a-t-il pas dit à ce jeune homme : « Je te l'ordonne, lève-toi » ? Ne l'a-t-il pas rendu à sa mère ? Il en est ainsi de celui qui a agi de la sorte : s'il est touché et remué par la parole de vérité, il ressuscite à la voix du Christ, il est rendu à la vie. Il a pu faire un pas de plus dans la voie du péché, mais il n'a pas pu périr pour toujours.
Quant à ceux qui s'enchaînent dans des habitudes mauvaises au point de leur ôter même la vue du mal qu'ils commettent, ils entreprennent de défendre leurs actes mauvais, ils s'irritent quand on les leur reproche… Ceux-là, écrasés sous le poids de l'habitude du péché, sont comme ensevelis dans le tombeau… Cette pierre placée sur le sépulcre, c'est la force tyrannique de l'habitude qui accable l'âme et ne lui permet ni de se lever ni de respirer…
Écoutons donc, frères très chers, et faisons en sorte que ceux qui vivent, vivent, et que ceux qui sont morts, revivent… Que tous ces morts fassent pénitence… Que ceux qui vivent, conservent cette vie, et que ceux qui sont morts se hâtent de ressusciter.
Lundi 18 septembre
24E SEMAINE DU TEMPS ORDINAIRE - COULEUR LITURGIQUE: VERT
Première lettre de saint Paul Apôtre à Timothée 2,1-8.
Bien-aimé, j’encourage, avant tout, à faire des demandes, des prières, des intercessions et des actions de grâce pour tous les hommes,
pour les chefs d’État et tous ceux qui exercent l’autorité, afin que nous puissions mener notre vie dans la tranquillité et le calme, en toute piété et dignité.
Cette prière est bonne et agréable à Dieu notre Sauveur,
car il veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité.
En effet, il n’y a qu’un seul Dieu ; il n’y a aussi qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes : un homme, le Christ Jésus,
qui s’est donné lui-même en rançon pour tous. Aux temps fixés, il a rendu ce témoignage,
pour lequel j’ai reçu la charge de messager et d’apôtre – je dis vrai, je ne mens pas – moi qui enseigne aux nations la foi et la vérité.
Je voudrais donc qu’en tout lieu les hommes prient en élevant les mains, saintement, sans colère ni dispute.
Psaume 28(27),1ab.2.7.8-9.
Seigneur, mon rocher, c'est toi que j'appelle :
ne reste pas sans me répondre.
Entends la voix de ma prière quand je crie vers toi,
quand j'élève les mains vers le Saint des Saints !
Le Seigneur est ma force et mon rempart ;
à lui, mon cœur fait confiance :
il m'a guéri, ma chair a refleuri,
mes chants lui rendent grâce.
Le Seigneur est la force de son peuple,
le refuge et le salut de son messie.
Sauve ton peuple, bénis ton héritage,
veille sur lui, porte-le toujours.
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 7,1-10.
En ce temps-là, lorsque Jésus eut achevé de faire entendre au peuple toutes ses paroles, il entra dans Capharnaüm.
Il y avait un centurion dont un esclave était malade et sur le point de mourir ; or le centurion tenait beaucoup à lui.
Ayant entendu parler de Jésus, il lui envoya des notables juifs pour lui demander de venir sauver son esclave.
Arrivés près de Jésus, ceux-ci le suppliaient instamment : « Il mérite que tu lui accordes cela.
Il aime notre nation : c’est lui qui nous a construit la synagogue. »
Jésus était en route avec eux, et déjà il n’était plus loin de la maison, quand le centurion envoya des amis lui dire : « Seigneur, ne prends pas cette peine, car je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit.
C’est pourquoi je ne me suis pas autorisé, moi-même, à venir te trouver. Mais dis une parole, et que mon serviteur soit guéri !
Moi, je suis quelqu’un de subordonné à une autorité, mais j’ai des soldats sous mes ordres ; à l’un, je dis : “Va”, et il va ; à un autre : “Viens”, et il vient ; et à mon esclave : “Fais ceci”, et il le fait. »
Entendant cela, Jésus fut en admiration devant lui. Il se retourna et dit à la foule qui le suivait : « Je vous le déclare, même en Israël, je n’ai pas trouvé une telle foi ! »
Revenus à la maison, les envoyés trouvèrent l’esclave en bonne santé.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Commentaire du jour:
Basile de Séleucie (?-v. 468)
évêque
Homélie sur le centurion ; PG 85, 235s (in Lectionnaire pour les dimanches et pour les fêtes; trad. J-R Bouchet; Éd. du Cerf 1994, p. 354 rev.)
« Dis seulement une parole »
« Seigneur, mon serviteur est couché, paralysé, et il souffre beaucoup. Même s'il est esclave, celui que ce mal étreint n'en est pas moins homme. Ne regarde pas la bassesse de l'esclave, mais plutôt la grandeur du mal ». Ainsi parlait le centurion ; et que dit la Bonté suprême ? : « Je viens et je le guérirai. Moi qui, par souci des hommes, me suis fait homme, qui suis venu pour tous, je n'en mépriserai aucun. Je le guérirai. » Par la rapidité de sa promesse, le Christ aiguillonne la foi : « Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres dans ma maison. » Tu vois comment le Seigneur, comme un chasseur, a fait sortir la foi cachée dans le secret ? « Dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri de son mal, libéré de la servitude de sa maladie. Car moi qui suis soumis à des supérieurs, j'ai des soldats sous mes ordres, je dis à l'un : ‘Va’, et il va, à l'autre : ‘Viens’, et il vient. J'ai ainsi connu la force de ton pouvoir. À partir de celui que j'ai, j'ai reconnu celui qui me dépasse. Je vois les armées des guérisons, je vois les miracles en troupe attendre tes ordres. Envoie-les contre la maladie, envoie-les comme j'envoie un soldat. »
Jésus a été dans l'admiration et a dit : « Je n'ai pas trouvé une si grande foi en Israël. Celui qui était étranger à la vocation, qui ne faisait pas partie du peuple de l'alliance, qui n'avait pas eu part aux miracles de Moïse, qui n'avait pas été initié à ses lois, qui n'avait pas connu les paroles prophétiques, a devancé les autres par sa foi. »
Dimanche 17 septembre
24E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE - COULEUR LITURGIQUE: VERT
Livre de l'Ecclésiastique 27,30.28,1-7.
Rancune et colère, voilà des choses abominables où le pécheur est passé maître.
Celui qui se venge éprouvera la vengeance du Seigneur ; celui-ci tiendra un compte rigoureux de ses péchés.
Pardonne à ton prochain le tort qu’il t’a fait ; alors, à ta prière, tes péchés seront remis.
Si un homme nourrit de la colère contre un autre homme, comment peut-il demander à Dieu la guérison ?
S’il n’a pas de pitié pour un homme, son semblable, comment peut-il supplier pour ses péchés à lui ?
Lui qui est un pauvre mortel, il garde rancune ; qui donc lui pardonnera ses péchés ?
Pense à ton sort final et renonce à toute haine, pense à ton déclin et à ta mort, et demeure fidèle aux commandements.
Pense aux commandements et ne garde pas de rancune envers le prochain, pense à l’Alliance du Très-Haut et sois indulgent pour qui ne sait pas.
Psaume 103(102),1-2.3-4.9-10.11-12.
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
bénis son nom très saint, tout mon être !
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
n'oublie aucun de ses bienfaits !
Car il pardonne toutes tes offenses
et te guérit de toute maladie ;
il réclame ta vie à la tombe
et te couronne d'amour et de tendresse.
Il n'est pas pour toujours en procès,
ne maintient pas sans fin ses reproches ;
il n'agit pas envers nous selon nos fautes,
ne nous rend pas selon nos offenses.
Comme le ciel domine la terre,
fort est son amour pour qui le craint ;
Aussi loin qu'est l'orient de l'occident,
il met loin de nous nos péchés.
Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 14,7-9.
En effet, aucun d’entre nous ne vit pour soi-même, et aucun ne meurt pour soi-même :
si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur ; si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Ainsi, dans notre vie comme dans notre mort, nous appartenons au Seigneur.
Car, si le Christ a connu la mort, puis la vie, c’est pour devenir le Seigneur et des morts et des vivants.
Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 18,21-35.
En ce temps-là, Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? »
Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois.
Ainsi, le royaume des Cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs.
Il commençait, quand on lui amena quelqu’un qui lui devait dix mille talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent).
Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette.
Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.”
Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette.
Mais, en sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d’argent. Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant : “Rembourse ta dette !”
Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai.”
Mais l’autre refusa et le fit jeter en prison jusqu’à ce qu’il ait remboursé ce qu’il devait.
Ses compagnons, voyant cela, furent profondément attristés et allèrent raconter à leur maître tout ce qui s’était passé.
Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : “Serviteur mauvais ! je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié.
Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?”
Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait.
C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Commentaire du jour:
Saint Jean-Paul II (1920-2005)
pape
Encyclique « Dives in misericordia » ch. 7, §14 (trad. © Libreria Editrice Vaticana)
« Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon ? »
L'Église doit considérer comme un de ses principaux devoirs – à chaque étape de l'histoire, et spécialement à l'époque contemporaine – de proclamer et d'introduire dans la vie le mystère de la miséricorde, révélé à son plus haut degré en Jésus Christ. Ce mystère est, non seulement pour l'Église elle-même comme communauté des croyants, mais aussi en un certain sens pour tous les hommes, source d'une vie différente de celle qu'est capable de construire l'homme exposé aux forces tyranniques de la concupiscence qui sont à l'œuvre en lui. Et c'est au nom de ce mystère que le Christ nous enseigne à toujours pardonner. Combien de fois répétons-nous les paroles de la prière que lui-même nous a enseignée, en demandant : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés » (Mt 6,12), c'est-à-dire à ceux qui sont coupables à notre égard.
Il est vraiment difficile d'exprimer la valeur profonde de l'attitude que de telles paroles définissent et inculquent. Que ne révèlent-elles pas à tout homme, sur son semblable et sur lui-même ! La conscience d'être débiteurs les uns envers les autres va de pair avec l'appel à la solidarité fraternelle que saint Paul a exprimé avec concision en nous invitant à nous « supporter les uns les autres avec charité » (Ep 4,2). Quelle leçon d'humilité est ici renfermée à l'égard de l'homme, du prochain en même temps que de nous-mêmes ! Quelle école de bonne volonté pour la vie en commun de chaque jour, dans les diverses conditions de notre existence !
Samedi 16 septembre
23E SEMAINE DU TEMPS ORDINAIRE - COULEUR LITURGIQUE: ROUGE
Première lettre de saint Paul Apôtre à Timothée 1,15-17.
Bien aimé, voici une parole digne de foi, et qui mérite d’être accueillie sans réserve : le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs ; et moi, je suis le premier des pécheurs.
Mais s’il m’a été fait miséricorde, c’est afin qu’en moi le premier, le Christ Jésus montre toute sa patience, pour donner un exemple à ceux qui devaient croire en lui, en vue de la vie éternelle.
Au roi des siècles, Dieu immortel, invisible et unique, honneur et gloire pour les siècles des siècles ! Amen.
Psaume 113(112),1-2.3-4.5a.6-7.
Louez, serviteurs du Seigneur,
louez le nom du Seigneur !
Béni soit le nom du Seigneur,
maintenant et pour les siècles des siècles !
Du levant au couchant du soleil,
loué soit le nom du Seigneur !
Le Seigneur domine tous les peuples,
sa gloire domine les cieux.
Qui est semblable au Seigneur notre Dieu ?
Il abaisse son regard vers le ciel et vers la terre.
De la poussière il relève le faible,
il retire le pauvre de la cendre
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 6,43-49.
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : «Un bon arbre ne donne pas de fruit pourri ; jamais non plus un arbre qui pourrit ne donne de bon fruit.
Chaque arbre, en effet, se reconnaît à son fruit : on ne cueille pas des figues sur des épines ; on ne vendange pas non plus du raisin sur des ronces.
L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ; et l’homme mauvais tire le mal de son cœur qui est mauvais : car ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur.
Et pourquoi m’appelez-vous en disant : “Seigneur ! Seigneur !” et ne faites-vous pas ce que je dis ?
Quiconque vient à moi, écoute mes paroles et les met en pratique, je vais vous montrer à qui il ressemble.
Il ressemble à celui qui construit une maison. Il a creusé très profond et il a posé les fondations sur le roc. Quand est venue l’inondation, le torrent s’est précipité sur cette maison, mais il n’a pas pu l’ébranler parce qu’elle était bien construite.
Mais celui qui a écouté et n’a pas mis en pratique ressemble à celui qui a construit sa maison à même le sol, sans fondations. Le torrent s’est précipité sur elle, et aussitôt elle s’est effondrée ; la destruction de cette maison a été complète. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Commentaire du jour:
Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)
abbé
Notre foi, victoire sur le monde (Le Christ Idéal du Moine, éd. DDB, 1936 ; p. 125-126)
La foi, base de toute vie chrétienne
La foi est un fondement. Songez à un monument qui attire les regards par sa grandeur et l’harmonieux ensemble de toutes ses proportions. Qu’est-ce qui lui donne sa solidité ? Les assises. Que celles-ci viennent à être ébranlées, aussitôt les murailles se lézardent et l’édifice est en danger ; si on ne le consolide, il est voué à la ruine. C’est là l’image de la vie spirituelle. Celle-ci est un édifice que Dieu, de concert avec nous, se construit en nous, à sa gloire, c’est un temple qu’il veut habiter. Mais si nous ne posons pas un fondement ferme, il est impossible de bâtir l’édifice. Et plus celui-ci s’élève, plus il est nécessaire que les assises soient profondes et inébranlables. Quand l’homme spirituel pense arriver au sommet de la perfection, à la cime de la contemplation, si en lui la foi, qui est la base du vrai amour, ne s’affermit pas en proportion, tout peut s’écrouler.
Le saint concile [de Trente] compare encore la foi à une racine. Voyez cet arbre majestueux, au tronc puissant, aux branches vigoureuses, au feuillage abondant et touffu. D’où lui viennent cette force et cette beauté ? De quelque chose qu’on n’aperçoit pas : les racines. Celles-ci plongent dans le sol pour s’y fixer et y puiser les sucs nourriciers nécessaires à la vie de ce géant. Que les racines viennent à se dessécher : l’arbre va dépérir. La racine de la vie chrétienne c’est la foi. Sans elle, tout se flétrit, tout se dessèche, tout meurt. Elle est la condition nécessaire de toute vie et de tout progrès spirituel.