Historique

1306-2006 : 700 ans de foi, d’action, et d’amour.

Une brève histoire des Pénitents Blancs de Nice

Dans le courant du quatorzième siècle, de pieux niçois, laïcs, et désirant le demeurer, mais décidés à manifester par un acte solennel, et public, leur profond engagement chrétien, vont demander conseil et assistance aux moines dominicains, dans leur couvent du quartier Saleya (approximativement, sur l’emplacement actuel de la place du Palais de Justice). Les Frères les accueillent volontiers, et encouragent ces laïcs fervents à s’associer en une sodalité. Mieux, ils leur proposent des statuts de référence, ceux par lesquels, le 20 mars 1306, des laïcs, dans le couvent des Frères Prêcheurs de Gênes, se sont eux-mêmes constitués en sodalité, sous le patronage de Saint Antoine Abbé : ainsi naît la Societas Sanctae Crucis, qui sera ultérieurement appelée aussi Societas Gonfalonis, ou encore Archiconfrérie des Pénitents Blancs.

Pour mieux assurer le développement de la nouvelle association, les Frères Prêcheurs proposent même, dans l’enceinte de leur propre couvent, deux lieux de culte successifs : la confrérie de la Sainte-Croix occupe d’abord la chapelle Saint Pancrace, puis, plus tard, un édifice probablement plus vaste et autonome, ouvrant dans le cloître, dit chapelle de la Sainte-Croix, et mentionné dès 1452 (les deux chapelles, approximativement sur l’emplacement actuel du Palais de Justice, en bordure de l’actuelle rue de la Préfecture).

Assez vite, les Blancs de Nice désirent construire une chapelle bien à eux, pour se protéger de toute influence, ou de tout contrôle, et réalisent cette opération en 1518, au nord de la vieille ville, près de la porte Païroliera, sur un terrain tout proche (peut-être même mitoyen) de l’église Saint-Martin des Augustins (à peu près l’ancien emplacement du Fourneau Economique, rue du Coeur). Les plans du 17ème siècle en donnent l’image (trop flatteuse ?) d’une chapelle rectangulaire, dont la nef est surmontée d’une coupole à tambour.

Dans le même temps se formalise, mieux, s’institutionnalise, la deuxième mission de la confrérie: au-delà de sa vocation originelle, pratiquer en commun les dévotions religieuses, privées ou publiques, l’Archiconfrérie s’engage clairement dans l’assistance aux malades et aux déshérités. Après avoir géré l’hôpital communal Saint Eloi (aujourd’hui, place de la Poissonnerie), de 1594 à 1632, l’Archiconfrérie se lasse des rapports difficiles avec l’administration communale, propriétaire des lieux, et renonce à cette gestion partagée. Le principe de la fondation d’un hôpital propre à l’Archiconfrérie, construit sur ses fonds, géré par ses membres, pour soigner “les pauvres et les infirmes” (c’est-à-dire les plus déshérités) est arrêté le 7 mars 1632. Le 17 mai 1632 sont fixées les règles de fonctionnement du futur Hôpital de la Sainte-Croix. Selon ce règlement, les pénitents sont tenus de participer directement aux soins des malades. Des sanctions importantes, allant d’une amende élevée jusqu’à l’exclusion, marquent les manquements constatés au service direct de l’hôpital. Cette implication personnelle, directe, des pénitents dans les soins aux malades, se retrouve jusqu’au milieu du 20ème siècle dans le statut des employés pénitents. Mais il faut attendre 1636 pour, à l’issue des travaux de construction et d’aménagement, ouvrir effectivement l’hôpital au public, comme le rappelle, aujourd’hui encore, sur place, le linteau du 5, rue François Zanin.

Les pénitents blancs se trouvent à l’étroit dans leur chapelle, et rachètent les bâtiments (chapelle et couvent) désertés par les Minimes dans le quartier Saint Agapit (aujourd’hui, à l’angle des rues de la Croix et Saint Joseph). Le 19 février 1765, Monseigneur Astesan, évêque de Nice, bénit et pose la première pierre d’un nouvel oratoire, bien sûr dédié à la Sainte-Croix. La pierre est placée à l’angle sud-ouest de la placette, “ove era altre volte il convento e chiesa di San Francesco di Paula”. Faut-il comprendre que tout a été démoli, pour rebâtir, ou seulement largement réaménagé dans les mêmes murs ? Ce point n’est pas clair. Mais il est par contre généralement admis, sans preuve formelle, que les travaux se font sur les plans et sous la direction d’Antonio Spinelli. La consécration solennelle, par Monseigneur Astesan, a lieu le 1er mai 1767. Cette chapelle sera embellie au long du 19ème siècle, très abîmée en 1957-1960 par la démolition et reconstruction du quartier environnant, vandalisée en 1961, et enfin classée comme Monument Historique en 1987. Son toit a été refait, ses appartements conventuels, dans les combles, aussi, mais la restauration intérieure se fait, hélas, attendre, au grand regret des fidèles et des visiteurs.

Evénement majeur dans l’histoire de l’Archiconfrérie, et témoignage irréfutable de son rayonnement dans Nice, la convention passée le 22 juillet 1787 entre l’Archiconfrérie sous le signe de la Sainte-Croix, et la Compagnie des Soeurs Humiliées sous le patronage de Sainte Elisabeth de Hongrie : les pénitentes grises sont agrégées à l’Archiconfrérie, avec droits et privilèges. Depuis, chaque 17 novembre, les soeurs de l’Archiconfrérie célèbrent, par une messe particulière, le décès, le 17 novembre 1231, de Sainte Elisabeth.

Le roi de Sardaigne, Victor Emmanuel II, autorise, par décret du 27 novembre 1849, le conseil d’administration de l’hôpital de la Croix à acheter un terrain route de Turin, au-delà de l’ancienne porte royale (déjà démolie) pour y construire un nouvel hôpital. Ce nouvel hôpital de la Sainte-Croix y est ouvert (aujourd’hui au 38 avenue de la République) le 25 février 1850. Il sera opérationnel, sous la gestion directe de l’Archiconfrérie, jusqu’en 1973. Il est alors loué au CHU de Nice, qui le gère jusqu’en 1996, date à laquelle les bâtiments sont brutalement déclassés pour cause de vétusté. Démoli, et reconstruit, la partie revenant à l’Archiconfrérie (la nouvelle « Maison Sainte-Croix ») accueille une crèche, des appartements locatifs (sur trois niveaux), et des appartements thérapeutiques (sur deux niveaux).

Archiconfrérie de la Sainte-Croix

(Pénitents Blancs de Nice)

5, rue François Zanin 06300 Nice

(04 93 85 43 45 ou penitents.blancs@wanadoo.fr)