Le mot de l'aumonier

                                               POUR  LA  FETE  DE  LA  CROIX  GLORIEUSE

Nicodème ! C’est un notable juif. Un membre du Sanhédrin. Il cherche la lumière. Une nuit, il va trouver Jésus qui lui parle de « naître à nouveau ». « Comment un homme peut-il naître étant vieux ? », s’étonne Nicodème qui a tout de même tendance à prendre les choses au ras des pâquerettes ! Lui reste terre-à-terre quand Jésus l’appelle à renaître « d’en-haut », à s’ouvrir au don de Dieu.

Or pour naître « d’en-haut », il n’est qu’un chemin : celui du Christ qui s’est abaissé jusqu’à mourir sur une croix. Non par goût de l’échec et de la souffrance, mais par fidélité, à lui-même et à son Dieu. En définitive, par amour.

« Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. » Oui, Dieu aime le monde. Ce monde si beau, si chatoyant, parfois si décevant aussi, Il l’aime ! Son amour est premier et la croix en est l’expression indépassable. Et l’Evangile selon saint Jean de continuer : « Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde non pas pour juger le monde mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. » Quelle révélation ! Déjà, un épisode du Livre des Nombres la laisse pressentir. Rappelez-vous : à peine sortis d’Egypte, les Hébreux se mettent à récriminer contre le Seigneur et contre Moïse. Mal leur en prend : aussitôt, le Seigneur envoie des serpents qui déciment le peuple ! Mais, saisi de compassion, Il se ravise. Il ordonne alors à Moïse de dresser sur un mât un serpent de bronze : à chaque fois que les Hébreux regarderont vers lui, ils seront guéris, sauvés d’une mort certaine. Le dernier mot revient non pas à la mort mais à la vie. Combien davantage avec Jésus, élevé en croix !

En cette rentrée, il nous est bon de regarder vers la Croix. Tout au long de l’année, d’y revenir pareillement. Aux jours de fatigue et de découragement, pour y puiser la force. Aux jours de tiédeur, pour y retrouver le mordant de la foi. Aux jours de peine, pour en recevoir l’espérance et la consolation. Devant la Croix, tout est à nu du mensonge, de l’injustice, de la folie, du péché du monde. Et simultanément, à la Croix, tout est donné : Dieu nous est donné.

Un instant, revenons à Nicodème. Dans l’Evangile, il fait du chemin. Bientôt, alors que l’étau se resserre autour de Jésus, il s’enhardit jusqu’à rappeler aux pharisiens qu’avant de condamner quelqu’un, il faut l’entendre. Et c’est encore lui qui s’occupe, au soir de la mort de Jésus, de descendre son corps de la croix et de le déposer dans un tombeau. Il apporte à cette occasion un mélange de myrrhe et d’aloès : pas moins de cent livres ! Par cette offrande somptueuse, c’est déjà son Seigneur que Nicodème honore et reconnaît en Celui qui s’est abaissé jusqu’à mourir sur une croix. En Lui, il accueille le don de Dieu. Il renaît « d’en-haut ».

                                                                                         (Lectures : Nb 21, 4-9 ; Ph 2, 6-11 ; Jn 3, 13-17)